EPISODE 1 : reçu sous le titre :
« Le blaireau aux moufles va encore frapper. »

Voici l'éloge de la complexité… ou comment donner à lire en quelques mots une question qui me cuisine dans le quotidien de ma classe et que je ne suis pas sûr de comprendre moi-même.

Des élèves me sont confiés, ils ne sont pas à même de tirer profit d'une classe ordinaire, ils semblent tellement loin de tout mais tellement près de leur déraison, elle ne les quitte pas d'une semelle, ils ne s'en éloignent jamais longtemps.

Ces élèves, il me faut à tout prix les intégrer, contre vents et marées noires, c'est une question vitale et politiquement correcte. Le plus troublant, c'est qu'ils donnent le change, les bougres. Dans un groupe classe ordinaire, ils tiennent en place -un instant-, ils se mettent d'abord à ressembler à ces écoliers ordinaires avant de retomber dans les tourments de leur pathologie. Cette adaptation, souvent éphémère, donne du grain à moudre au postulat de l'intégration. Mon regard d'enseignant spécialisé s'attache aux signes de leur souffrance pour entretenir l'illusion, je mesure le décalage qui les maintient le plus souvent hors des apprentissages… dans la stricte répétition.

Et bien j'ai tort et je me fourvoie (en cassation) quand je m'arrête sur les ressorts de leur incapacité à apprendre. Ou plutôt j'empiète sur le champ du soin. L'école doit être pour eux au plus près des conditions d'une classe ordinaire, celle où l'on ne tient pas trop cas de l'individu et des casseroles qu'il trimbale.

J'aimerais tant que vous ne soyez pas tout à fait d'accord avec moi.

Kristian T.  enseignant spécialisé